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Отечественная война в письмах современников (1812—1815 гг.)
Автор: Н. Ф. Дубровин (1837—1904)

Источник: Дубровин, Н. Ф. Отечественная война в письмах современников (1812—1815 гг.). — СПб.: 1882. Качество: 75%


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№ 310. Extrait d’une lettre de Varsovie.

Au passage de Napoléon par Varsovie, le 10 décembre 1812, il n’a vu personne excepté le comte Stanislas Potozki, Mr. Mathusevicz, l’Arel de Malines et le général du Taillis, tous les quatre appellés en même temps. L’ambassadeur lui fit un tableau éxacte de la triste situation du Duché et de son épuisement. Napoléon répondit à peu près en ces termes:

«Nous y remédierons. Je me servirai pour celà des millions d’argent comptant que j’ai dans ma caisse».

Dans le courant de cette conversation, où il paraissait quelques fois gai et tranquille quelquefois même plaisant, il dit entre autre:

«J’ai quitté Paris dans l’intention de ne pousser la guerre que jusqu’aux anciennes frontières de la Pologne; les circonstances m’ont entraîné. J’ai peut-être eu tort de pousser jusqu’à Moscou, peut-être mal fait de m’y arrêter trop longtemps; mais du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas et c’est à la postérité à en juger».

Plus tard il dit: «Jusqu’au 6 9-bre j’étais conquérant. Depuis la chance a tourné. Tout a bien été jusqu’à Viasma. Mais une gelée de 18 degrés m’a jeté 30 mille chevaux sur le carreau. Tels sont les événements de la guerre. Tout le monde sait d’ailleurs qu’une armée est composée d’êtres vivants. La dyssenterie s’était mise dans mon armée. J’ai été obligé de rétrograder et j’ai mieux aimé perdre 30 mille chevaux, que 100 mille hommes».

Dans un autre moment il dit: «J’ai été si fort contrarié dans ma retraite, que j’ai été pendant 17 jours sans rapports de nulle part, ni des différents corps, qui pareillement ignoraient [420] ce que j’étais devenu. Il faut que j’aille me montrer à mes 40 millions de sujêts. Celà est bien plus important que de rester à la tête de 150 mille hommes à demi-gelés et sans chevaux. Dans ma marche, je n’avais pas de cavalerie pour me couvrir, et je conviens de m’être trouvé embarrassée, lorsque les cosaques venaient donner dans mes colonnes. Je ne pouvais réunir mon armée; celà aurait gêné ma marche. Je ne pouvais pas non plus disséminer, parce que les cosaques m’auraient coupé de tous côtés. Il a fallu avancer, reculer, boucher des trous, les tromper continuellement. J’ai eu besoin de toute mon expérience pour me tirer de là».

Napoléon alors se tût. Mr. Potozki dit: «Vous êtes le seul, Sire, qui ayez pû sauver votre armée d'un si mauvais pas». Napoléon répondit vivement: «Peut-être! Un autre même aurait peut-être perdu courage. Ces événements sont au dessous du mien et voilà pourquoi je suis le chef de cette armée. J’ai été obligé d’enclouer mes canons, de brûler mes affûts, de faire sauter mes caissons. Les russes qui me suivirent, voyant la route jonchée de ces débris et de chevaux morts, ont profité de la circonstance pour me poursuivre vivement. J’avais resolu de ne pas me battre. Arrivé sur la Bérésina, je trouve Tchitchagoff dans une position très-forte. Je fus embarrassé. Je ne me souciais pas d’accepter le combat. Mais Tchitchagoff m’ayant attaqué, je lui ai passé sur le ventre et me voilà. Mes Français ne valent rien l’hiver; le froid les engourdit. Les polonais sont des braves gens. Ce sont eux, qui m’ont soutenu et qui se sont soutenus le plus longtemps. Il n’en était pas de même en Allemagne. Je n’avais ni les éléments, ni le climat à combattre. A Esling, j’étais si sûr de ma supériorité, que je n’avais pas même fait de disposition. Et lorsque l’on m’annonça que le Danube grossissait, je demandai ce qu’il y avait de l’autre côté, et apprenant par la réponse qu’il y avait les deux tiers de ma garde et les trois quarts de mon armée, je vis qu’il fallait payer de ma personne. Je donnai l’ordre de la bataille. Je me mis à la tête du pont [421] avec un regiment et je soutins tout l’effort de l’ennemi. Après celà vint la bataille de Wagram et j’épousai une Archiduchesse».

Lorsqu’il fut question du général Zayonczek, Napoléon dit, que dans deux jours après qu’on lui eût amputé la jambe, il était assez bien et que comme il manquait d'argent, il lui avait envoyé 6 mille francs. Napoléon dit encore, que le froid et la neige avaient été si violents, que l’escorte et le chariage avaient abandonné la caisse, les chevaux n’en pouvant plus et tombant de fatigue. Par bonheur Napoléon y survint le lendemain et sauva la caisse qui contenait 9 millions[1].

Примѣчанія

  1. См. также «Рѣчь французскому посланнику и польскимъ министрамъ, произнесенная Наполеономъ въ Варшавѣ и проч.» Вѣст. Европы 1813 г., ч. 69, № 9.
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