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№ 286. Императоръ Александръ — князю Кутузову.
Князь Михайло Ларіоновичъ! Въ дополненіе рескрипта Моего вамъ отъ 2-го сего декабря, препровождаю прокламацію, которую нахожу нужнымъ, чтобъ издана была отъ имени вашего, при вступленіи арміи въ прусскіе предѣлы. Изъ оной усмотрите вы образъ поведенія къ жителямъ сей земли, по коему дайте повелѣніе въ арміяхъ, вамъ ввѣренныхъ, точно сообразоваться. Прокламацію сію прикажите напечатать въ Вильнѣ, на французскомъ и нѣмецкомъ языкахъ, а ежели бы не нашлось въ типографіи литеръ нѣмецкихъ, то французскими буквами и опубликуйте оную немедленно отъ своего имени.
Au moment de faire franchir aux armées que je commande les frontières de la Prusse, l’Empereur mon Maître me charge de déclarer, que cette mesure ne doit être envisagée que comme une suite inévitable des opérations militaires. Fidèle au principe qui La fait agir dans tous les temps, Sa Majesté Impériale n’est guidée par aucune vue de conquête. Les sentiments de modération qui ont constamment caractérisé Sa politique, sont encore les mêmes après les succès décisifs par lesquels la Providence divine a béni Ses efforts légitimes. L’indépendance et la paix en seront les résultats.
Sa Majesté les offre avec Son assistance à tous les peuples qui, entraînés aujourd’hui contre Elle, abandonneront la cause de Napoléon pour ne suivre que celle de leurs vrais intérêts. Je les invite à profiter des chances heureuses que les armées russes leur ont ménagées, et de se rallier à elles dans la poursuite d’un ennemi dont la fuite précipitée leur montre l’impuissance. C’est, surtout à la Prusse que j’adresse cette invitation. L’intention de Sa Majesté l’Empereur est de faire cesser les malheurs qui l’accablent, de donner au Roi des preuves de l’amitié qu’Il lui [395] conserve, de rendre à la monarchie de Frédéric son éclat et étendue. Il espère que Sa Majesté Prussienne, animée des sentiments que cette déclaration franche doit faire naître en Elle, ne prendra dans ces circonstances d’autre parti que celui que réclament l’intérêt de Ses Etats et les voeux de Ses peuples. Dans cette conviction l’Empereur mon Maître m’a envoyé l’ordre positif d’éviter tout ce qui pourrait constater de l’inimitié entre les deux puissances et de chercher au contraire à adoucir dans les provinces Prussiennes, en autant que l’état de guerre peut le permettre, les maux qui resulteraient momentanément de leur occupation.