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№ 284. Чичаговъ — Чернышеву.
Je regrette infiniment que vous ne soyez venu me rejoindre et surtout qu’on n’ait pas suivi la proposition que vous aviez fait au comte de Vitgenstein de tâcher d’opérer la jonction par Lepel, Bérésina et de ce côté de la Bérésina. Nous avons eu beaucoup trop à la queue et trop peu à la tête de l’ennemi; néanmoins, je crois que l’on peut dire de cette campagne, que tout s’est arrangé de façon à nous avoir fait obtenir des résultats fort au delà de ce que l’on pouvait espérer.
La résistance même à la Bérésina aurait pu être plus forte, si les forces avaient été plus grandes; elle aurait été plus meurtrière pour nous, mais qu’ aurait-on obtenu de plus, si ce n’est la prise de la personne de Napoléon, de la difficulté de laquelle vous pouvez juger mieux qu’un autre. Son armée est arrivée presqu’anéantie à Vilna, sans équipages, sans canons, car dans la poursuite de Vilna on n’a pris qu’une fois des canons et des [393] équipages à la première marche, on n’en a plus eu depuis, ce qui annonce qu’il ne leur en reste plus. C’est maintenant à la politique à mettre tous les ressorts en mouvement pour achever d’abattre Napoléon et lui empêcher de se relever jamais. Quel mal y a-t-il qu’il survive à son humiliation et à son malheur? On dit qu’il perd la tête.