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Отечественная война в письмах современников (1812—1815 гг.)
Автор: Н. Ф. Дубровин (1837—1904)

Источник: Дубровин, Н. Ф. Отечественная война в письмах современников (1812—1815 гг.). — СПб.: 1882. Качество: 75%


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№ 177. Бенигсенъ — супругѣ.

10-го октября 1812 г.

Voici une lettre, ma chère Marie, que je t’envoie pour M-me Demidoff de son mari, que j’avais oublié d’expédier avec le dernier courrier. J’ai été étonné de le voir l’autre jour ou dans l’affaire du 6, avec quel sang-froid il est resté avec moi sous un feu très-violent et courant partout pour porter des ordres. Qui s’est encore parfaitement bien conduit, c’est le prince d’Oldenbourg avec un sang-froid rare. Mon pauvre Ober-Auditeur Bestucheff est mort le 3-me jour de sa blessure. Il laisse une jeune veuve.

Je ne puis pas en revenir quelles auraient été les suites de cette belle et brillante journée, si j’aurais été soutenu et si j’aurais osé continuer plus loin cette affaire; j’ai vraiment du guignon, pire de ce qui m’est arrivé à Pultusk: ici sous les yeux de toute l’armée, Koutousoff défend de faire partir un homme à mon secours, c’était son terme; le général Miloradowicz qui commandait l’aile gauche, brûlait d’envie d’avancer pour me socourir, il lui défend, et pour être plus sûr qu’il ne puisse rien faire, il le fait chercher deux fois pendant l’action à cinq verstes en arrière. Tu peux donc concevoir à quelle distance notre vieux était derrière le champ de bataille. Sa poltronerie passe déjà la permission d’être poltron, à Borodino déjà il en a donné la plus grande preuve; aussi s’est-il couvert de mépris et de ridicule dans toute l’armée. C’est pour cette raison que je t’ai dit dans une de mes precedentes qu’il serait à désirer que l’Empereur arrive lui-même ou qu’il soit plus près de l’armée, sans quoi je ne réponds de rien, car Koutousoff ne finira jamais bien cette guerre. Te présentes-toi ma position, avec cela qu’il faut que je me brouille avec lui chaque fois quand il s’agit de faire un pas contre l’ennemi, jusqu’à devoir entendre des grossièretés de cet homme; il n’y a en vérité ni contenance, ni sang-froid qui puisse y tenir à la longue. Quel beau moment pour moi pour me retirer après [236] cette victoire et la contusion que j’ai reçu; mais sachant la peine que mon départ de l’armée ferait à l’Empereur, je souffre et je reste; pourtant chaque mal doit avoir son terme, car dans cet état il est impossible que je puisse rester longtemps.

Ma jambe va de jour en jour mieux, l’enflure commence à diminuer et je souffre déjà moins. Adieu.

P. S. J’ai oublié d’ajouter, qu’au plus beau moment de l’action où l’ennemi commença à se retirer, le prince Koutousoff m’envoit un ordre de retourner incessamment avec nos troupes dans notre position, qui était à 12 verstes derrière moi. Cet ordre pourtant ne m’a pas arrêté, heureusement, de poursuivre l’ennemi. On a trouvé dans le portefeuille du feu Baggowout une lettre écrite de sa propre main à l’Empereur, dans laquelle il Lui recommande à sa générosité sa femme et quelques proches parents, qui se trouvaient avec lui.

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